Kinshasa, 18 Mai 2022 (ACP).- La Somalie a élu dimanche pour la seconde fois Hassan Cheikh Mohamoud à sa présidence, à l’issue d’un scrutin sous haute sécurité, dans un pays en proie à l’insurrection des islamistes radicaux shebab et où la famine menace, ont rapporté mercredi des médias étrangers.
A l’issue d’un vote marathon, Hassan Cheikh Mohamoud, président entre 2012 et 2017, s’est imposé face au chef de l’Etat sortant Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, qui l’avait battu il y a cinq ans. Des coups de feu de célébration ont résonné dans la capitale Mogadiscio.
« Il est vraiment remarquable que le président soit ici à mes côtés, nous devons aller de l’avant et jamais en arrière, nous devons panser nos blessures », a déclaré le nouveau président, immédiatement investi, en évoquant son prédécesseur Farmajo. « Je salue mon frère ici, le nouveau président Hassan Cheikh Mohamoud, et lui souhaite bonne chance face à l’énorme tâche qui l’attend », a déclaré ce dernier, promettant sa « solidarité ».
Cette élection a eu lieu après plus d’un an de retard dans ce pays instable de la Corne de l’Afrique secoué par une longue crise politique, qui souffre aussi d’une sécheresse historique. Les députés et sénateurs ont d’abord commencé à voter dimanche pour départager les 36 candidats à la présidentielle, sous une tente placée sous couvre-feu dressée dans le périmètre de l’aéroport de Mogadiscio, où les forces de sécurité sont omniprésentes.
Des explosions ont été entendues près de l’aéroport alors que le vote commençait, rappelant combien la situation sécuritaire reste précaire dans le pays. Selon la police, aucune victime n’a toutefois été signalée. Après des heures de scrutin, retransmis à la télévision nationale, le complexe processus électoral est entré dans sa troisième et dernière phase avec les deux candidats encore en lice, le président sortant Farmajo et son prédécesseur Hassan Cheikh Mohamoud, comme il y a cinq ans. Lors de cet ultime vote, les fonctionnaires du Parlement ont dénombré plus de 165 votes en faveur de M. Mohamoud, consacrant sa victoire.
Le mandat de Farmajo était arrivé à échéance en février 2021, sans accord avec les dirigeants régionaux sur l’organisation de nouvelles élections. La prolongation de deux ans de son mandat par les députés en avril 2021 avait déclenché des combats à Mogadiscio, ravivant le souvenir des décennies de guerre civile qui ont ravagé le pays après 1991.
Ces derniers mois ont aussi été marqués par une rivalité croissante entre Farmajo et son Premier ministre Mohamed Hussein Roble, qu’il avait chargé d’organiser les élections. Cette élection sera également capitale pour l’avenir économique de la Somalie, dont 71% de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour (1,80 euro).
Le Fonds monétaire international (FMI) a prévenu qu’un programme d’aide pourrait s’arrêter automatiquement au 17 mai si une nouvelle administration n’était pas en place. Le gouvernement a demandé fin avril de repousser de trois mois cette échéance, sans réponse pour l’instant. Le pays fait également face à l’une des pires sécheresses des dernières décennies. Les organisations humanitaires redoutent une famine similaire à celle de 2011, qui avait tué 260.000 personnes.
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