Kinshasa, 10 novembre 2022 (ACP).- Les évêques membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) ont dénoncé jeudi l’hypocrisie de l’Occident caractérisée par « la complaisance » affichée envers les pays voisins qui agressent actuellement la République démocratique du Congo, dans une déclaration.
Dans la guerre dans la région de Bunagana, « malheureusement, la communauté internationale et les organisations régionales qui disposent des leviers pour faire justice au peuple congolais affichent une attitude hypocrite qui révèle une certaine complicité », ont déploré les prélats catholiques, dans leur message intitulé « L’heure est grave. Notre pays est en danger ! »,
« La complaisance de la communauté internationale envers les multinationales et les pays prédateurs de nos ressources naturelles, engage la grave responsabilité de cette même communauté qui, dans sa duplicité, souffle le chaud et le froid », ont-ils ajouté.
Tout en encourageant « les efforts diplomatiques comme solution éventuelle » à la tragédie vécue par les Congolais, les évêques ont affirmé que « l’intégrité territoriale et la souveraineté nationale ne sont pas négociables ».
La Cenco a insisté sur le besoin de « renforcer la cohésion nationale pour faire face aux ennemis du pays », faisant écho au récent appel du Chef de l’Etat Félix Tshisekedi en faveur de la mobilisation de la Nation.
« L’heure est grave, la défense de notre Patrie ne doit pas être laissée aux seuls gouvernants. En ce moment crucial, faites taire les divergences politiques réunissez les efforts pour être plus forts face à l’ennemi », a-t-elle lancé aux acteurs politiques, en particuliers ceux de l’opposition.
L’armée congolaise fait face actuellement à la rébellion du Mouvement du 23 mars (M23) défait en 2013 mais qui a ressurgi en mars 2022, appuyé en hommes et en matériels par le Rwanda, selon des accusations de Kinshasa. Des experts des Nations unies ont documenté cette présence des militaires rwandais dans un rapport au Conseil de sécurité. Jusqu’à aujourd’hui, ce rapport n’a jamais été rendu public.
Les évêques congolais ont, par ailleurs, déploré les conflits intercommunautaires qui continuent à endeuiller la population dans les provinces du Mai-Ndombe, du Kwilu et du Kongo central, appelant les autorités du pays ainsi que les forces de défense et de sécurité, à assumer chacun ses responsabilités.
« Il est plus que temps que l’Etat assure à tous les citoyens le droit le plus élémentaire à la vie et à la sécurité, et au pays son intégrité territoriale », ont rappelé les prélats pour qui « l’effort de guerre s’impose et doit être effectif ».
Enfin, les évêques congolais ont demandé la réduction du train de vie des institutions de la République pour renforcer les moyens de défense, moderniser, équiper conséquemment l’armée et bien motiver les forces de sécurité.
L’Eglise Catholique qui revendique environ 40% de la population congolaise a toujours été critique envers les différents régimes qui se sont succédé à la tête de la RDC.
L’Eglise a toujours répondu présente aux grands rendez-vous de la Nation, au côté soit de la population, soit des dirigeants pour appuyer l’exercice de la démocratie, la liberté, la paix ou l’Etat de droit. ACP/